En 1939 

 

En mars : la France et la Grande-Bretagne reconnaissent le régime du général Franco.

Le maréchal Pétain est désigné comme ambassadeur de France auprès du Gouvernement espagnol.

 

En 1921, le Marocain Abd-el-Krim avait dirigé un soulèvement contre les Espagnols puis s’était tourné  contre les Français. Il avait été vaincu par les troupes dirigées respectivement par Franco et Pétain. Les deux hommes qui avaient collaboré militairement à cette époque, se connaissaient donc très bien.

 

30 avril : L’URSS propose une alliance militaire à la France et la Grande-Bretagne. Des négociateurs de ces deux pays se rendront en août à Leningrad. Cette rencontre ne débouchera sur aucune suite immédiate.

23 août : Signature du pacte germano-soviétique.

 

La Pologne avait annexée une partie de la Tchécoslovaquie habitée majoritairement par des Polonais. Hitler avait aussitôt proposé une négociation sur les questions frontalières que le Gouvernement polonais avait rejetées. Se sentant menacée par le pacte conclu entre ses voisins russes et allemands, la Pologne conclut aussitôt un traité d’alliance avec l’Angleterre.

 

1er Septembre : Hitler envahit la Pologne. L’armée allemande pénètre en Pologne sans  déclaration de guerre. La France décrète la mobilisation générale et dispose ses troupes en couverture le long de sa frontière.

 

3 septembre : La France et la Grande-Bretagne se déclarent en état de guerre avec le Reich allemand.

 

17 septembre : L’armée soviétique pénètre en Pologne.

 

28 septembre : Les armées polonaises sont isolées et dans l’incapacité de se défendre. Varsovie capitule.

 

Les deux envahisseurs s’accordent aussitôt sur l’établissement des frontières. L’est est rattaché à l’URSS, l’ouest au Reich et la partie centrale restante du territoire est appelée à constituer une réserve destinée à fournir une main d’œuvre gratuite à l’occupant allemand.

Le général Sikorski, Premier ministre et commandant en chef des armées polonaises s’enfuit en France puis gagne l’Angleterre où il constitue à Londres le « Gouvernement polonais en exil. »

 

30 septembre : De nombreux français des régions frontalières d’Alsace décident de quitter leur foyer. Le Gouvernement les oriente vers les départements du Sud-Ouest.

 

10 novembre : Les troupes françaises évacuent Forbach.

 

Notre Grand-mère, que nous appelions Mamée, vivait dans un logement situé 11, Place du Palais de justice à Vesoul sans doute depuis plusieurs années et certainement depuis que ses enfants avaient eu besoin de vivre en ville pour leurs études ou leur formation professionnelle.

 

On accédait à son logement par un couloir menant à une cour intérieure pavée, puis on empruntait un escalier dominant la cour, s’élevant sur deux étages. En bas, une entrée de cave couverte par une porte métallique posée en pente à environ 45 degrés. Il n’y avait pas l’eau courante, on s’approvisionnait avec un broc en zinc à un robinet collectif situé au fond de la cour.

 

Mes souvenirs sont imprécis, mais je revois une pièce servant de salle à manger dont une fenêtre avait été condamnée par une cloison légère, destinée à lui conférer l’usage d’un placard. Dans la même pièce un poste de radio avec en façade la mention MF, caractéristique des fabrications de MANUFRANCE à SAINT-ÉTIENNE. L’autre fenêtre, non condamnée dominait la place du Palais de justice et ouvrait le regard sur la rue Leblond. La pièce voisine était une chambre à coucher.

 

Dans le quartier, deux magasins d’alimentation, des succursales aux enseignes les Éco (Les Économiques troyens) et Coop (Coopérateurs de Lorraine). Un peu plus bas, un boulanger qui cuisait son pain au feu de bois. Sur l’autre face de la place, chez Béguin, un magasin de laine à l’enseigne des « Laines du marin », un coiffeur, et plus loin une boucherie. Les magasins étaient livrés depuis la gare des chemins de fer par des véhicules tirés par des chevaux. Les remorques étaient constituées par des longs plateaux posés sur des essieux équipés de roues à pneus pleins. Lorsque les animaux lâchaient quelques crottes sur la chaussée, il se trouvait toujours quelqu’un pour les ramasser avec une pelle afin de nourrir la terre de leurs pots de fleurs.

En fin de journée arrivait le véhicule hippomobile chargé de bidons de lait que les détaillants redistribuaient aux habitants du quartier qui faisaient la queue devant le magasin, munis de leurs récipients personnels en aluminium. Parfois la rue était animée par les cris des vitriers, des marchands de peau de lapin ou par un rémouleur. Les marchands de bois venaient s’installer sur la place du Grand Puits toute proche pour scier et fendre, à la demande.

 

Les Allemands avaient posté sur la place du Palais de justice une mitrailleuse lourde. Avec le recul, je n’en distingue toujours pas l’intérêt stratégique car la place est entourée d’immeubles de plusieurs étages ce qui limitait nécessairement la portée des projectiles. Elle n’avait peut-être pour objet que l’intimidation de la population en raison de la proximité de la caserne aménagée dans l’ancienne mairie rue Paul Petitclair.