En 1940

 

 

 

28 mars : Les gouvernements français et anglais renforcent leur coopération et s’engagent à ne pas signer de paix séparée.

 

En avril 1940, les Allemands attaquent par surprise, le Danemark et la Norvège. Des marins britanniques opérant en mer Baltique subissent de lourdes pertes.

 

Le Gouvernement britannique dirigé par Neville Chamberlain, qui avait toujours tenté de régler pacifiquement les problèmes internationaux, présente sa démission. Winston Churchill accepte aussitôt de prendre sa succession. Il a 66 ans, il est député Conservateur depuis 1900. Nommé plusieurs fois ministre il possède une longue expérience. Il saura galvaniser l’effort de guerre et ne cessera de préparer ce qu’il appelait « le retour en Europe ».

 

Winston Churchill décide aussitôt de diriger personnellement la LCS (Section de contrôle de Londres) qui avait pour mission d’encourager et d’approvisionner en armes les organisations qui menaient la guérilla dans toute l’Europe et se livrait à une guerre psychologique dans le but d’affaiblir l’obéissance du peuple allemand à son Führer.

 

Il existait des mouvements de résistance, non seulement dans les pays occupés, mais également en Allemagne où un petit groupe d’officiers et de civils parmi lesquels l’amiral Canaris, chef de l’Abwehr, le service de renseignements, conspiraient pour tenter de renverser Hitler et le troisième Reich. Ils s’étaient donné le nom de Swarze Kapelle (l’Orchestre noir).

 

10 mai : Les troupes allemandes lancent l’offensive contre les armées belge et hollandaise.

 

Les effectifs de l’armée allemande avaient été portés à 2 500 000 hommes.

 

13 mai : Les chars allemands traversent la Meuse à Sedan ce qui provoque l’exode des populations.

 

14 mai : Un raid aérien allemand détruit le centre de Rotterdam et provoque 900 morts.

 

26 mai : L’état-major britannique ordonne l’évacuation de son corps expéditionnaire.

 

L'Allemagne a retenu la leçon de l’affrontement de 1914/1918. Son offensive évite soigneusement de se heurter à la ligne défensive Maginot dont les installations peuvent se révéler dangereuses, elle la contourne par conséquent en passant par la Hollande et la Belgique. Son attaque repose sur l’emploi de moyens mécaniques extrêmement rapides afin de créer la surprise des armées et des populations. Les blindés enfoncent ponctuellement les lignes adverses et l’infanterie s’engouffre dans les brèches ainsi formées.

 

En face de chaque fortification de la ligne Maginot se trouvaient les systèmes de défense de la ligne Siegfried. Si les Allemands avaient procédé à partir de ces places fortes, la portée de leurs attaques s’en serait trouvée limitée.

 

Le 20 mai 1940, lorsque la Panzer-division allemande atteint Abbeville, les forces alliées franco-britanniques se trouvent coupées en deux. L’armée allemande atteint rapidement Boulogne et se dirige sur Calais. Une contre-attaque britannique échoue. Les troupes alliées se trouvent encerclées.

 

Les Allemands tentent d’obtenir leur reddition, mais les Alliés réorganisent leur défense. Sans avertir son homologue français, le général britannique rapatrie vers Dunkerque ses forces qui opèrent encore en Belgique, composées d’environ 400 000 hommes.

 

Considérant que leur mise hors de combat serait une perte irréparable pour l’Angleterre, l’état-major décide d’organiser l’évacuation par mer. Craignant la réaction française, l’embarquement commence le 27 mai dans le plus grand secret.

 

Le 31 mai, l’évacuation est achevée. Le matériel laissé sur place a été saboté pour retarder la progression de l’armée allemande et avec ce même objectif, les Anglais iront jusqu’à détruire du matériel militaire français.

 

Jugée prématurée cette évacuation de Dunkerque a suscité ultérieurement quelques jugements sévères.

 

Entre temps, la Belgique avait capitulé le 28 mai.

 

 

 

 

 

Le 4 juin, la ville de DUNKERQUE est prise par l’armée allemande.

 

Le 5 juin, Charles de Gaulle est nommé Sous-secrétaire d’État à la Guerre.

 

Le 6 juin, toutes les lignes militaires alliées sont enfoncées.

 

Le 9 juin, un corps expéditionnaire franco-britannique qui avait été envoyé en assistance en Norvège est contraint de se replier.

 

Le 10 juin, le Gouvernement quitte PARIS, alors que l’Italie déclare la guerre à la France et à la Grande Bretagne. Mussolini (le Duce) reçoit pour objectif de couper l’accès par la Méditerranée aux champs de pétrole du Golfe persique.

 

 Papa est prisonnier de l’arme allemande. Son frère Paul avait été rappelé comme réserviste. Son régiment avait également cessé toute résistance. Il se trouvait dans la même situation. Papa avait noté son adresse pour correspondre avec lui : Lichtenstein, Sachs, Angergasse 25.

 

Il en était de même pour mon oncle Germain, le plus jeune de la fratrie.

 

Maman avait deux frères : Marcel qui, ayant été rappelé, se trouvait dans la Somme lorsqu’il a reçu l’ordre de baisser les armes. Prisonnier des Allemands, il avait été interné dans un stalag puis affecté dans une ferme chez M. Walter Pfeiffer (Bei Herre Walter Pfeiffer, Blankenburg, Hartz, Husarenstrasse, 35-20). Le plus jeune, Ernest s’était engagé et avait fait une classe préparatoire qui lui aurait permis d’ entrer au Bataillon de Joinville, mais il n’avait pas eu l’opportunité de réaliser ce souhait. Appelé à rejoindre un autre régiment, il avait participé aux combats qui s’étaient déroulés dans l’Est de la France, il avait été blessé au pied par un éclat d’obus. Rapatrié sanitaire, il avait été hospitalisé à Vesoul. Je me souviens de l’avoir vu venir rendre visite à sa mère, ma grand-mère, le pied bandé et s’appuyant sur une béquille.

 

Durant son hospitalisation à VESOUL, il avait fait la connaissance de Marguerite ROBERT, une aide-soignante, qu’il fréquentait et qui venait souvent rendre visite à Mamée et à Maman. Je l’appelais Mademoiselle Marguerite.

gare de Malbork
gare de Malbork

 Le 14 juin, Les troupes allemandes pénètrent dans PARIS.

 

Le 16 juin, Pétain devient Président du Conseil à la place de Paul Reynaud.

 

Le 17 juin, Pétain demande aux troupes de cesser les combats et aux Allemands les conditions de l’armistice. On distribue des tracts appelant à la résistance.

 

Le 18 juin, dans les studios de la BBC à LONDRES, le général de Gaulle refuse la fin des combats.

 

Le 21 juin, les Français reçoivent de Hitler les conditions de l’armistice.

 

Le 22 juin, à RETHONDES, en forêt de Compiègne, dans le wagon du Maréchal Foch, où avait été paraphée la victoire de 1918, est signée la convention d’armistice franco-allemande. L’armée allemande s’octroiera une zone d’occupation.

 

Dans le même temps, Hitler propose la paix à l’Angleterre mais ne reçoit aucune réponse.

 

Le 28 juin, le Gouvernement britannique reconnaît le général de Gaulle en qualité de chef des Forces françaises libres.

 

Le 3 juillet, La flotte française s’est repliée sur le port de MERS EL KÉBIR, près d’ORAN.La Grande-Bretagne lui « demande » de rejoindre un port britannique pour continuer la lutte. Ce ralliement entraînant une rupture de la convention d’armistice, l’amiral français refuse d’obtempérer. Il lui est alors demandé de se saborder, ce qui est également refusé.

 

Le commandement britannique ouvre le feu et coule les bâtiments français.

 

Le 10 juillet, le maréchal Pétain obtient les pleins pouvoirs.

 

Le 11 juillet, Pétain fonde l’État français.

 

 Le 20 juillet, le Gouvernement de l’État français s’installe à VICHY, une ville qui présente l’avantage d’offrir une situation relativement centrale en zone non occupée ainsi que des structures hôtelières suffisantes pour accueillir les Administrations.

 

À compter de cette date, tout sera mis en œuvre pour que la population reconnaisse le Maréchal comme le véritable « père de la Patrie ». Son visage ornera désormais les timbres-postes et sa photographie sera affichée dans les services administratifs et dans les écoles.

 

La France adopte un régime fasciste, la devise de la République est abolie et remplacée par le triptyque : Travail, Famille, Patrie.

 

Un symbole, la Francisque gallique (une hache à deux fers), sera créé en septembre. Ce même ornement symbolique inspirera la création d’une décoration.

 

Les commémorations du 14 juillet et du 11 novembre sont désormais interdites et le drapeau tricolore ne sera plus pavoisé. On garde cependant la Marseillaise que l’on fait suivre immédiatement d’un chant à la gloire de Pétain : Maréchal, nous voilà !

 

Son créateur, André Montagard, s’est curieusement inspiré de l’air et des premiers vers d’une chanson intitulée Voilà le Tour qui passe : « Attention, les voilà, les coureurs, les géants de la route… »

 

Cet « hymne au Maréchal » est aussitôt enregistré et diffusé à la radio par le chanteur populaire André Dassary et enseigné dans les écoles.

 

 

J’ai le souvenir que Maman détenait des tickets qui fixaient les quantités maximales d’aliments susceptibles d’être achetés.

 

Les enfants étaient classés J1, J2, ou J3 selon leur âge. Les carnets de tickets d’alimentation étaient prédécoupés comme des timbres-poste. Pour chaque achat, il fallait fournir les timbres justificatifs correspondants. L’essentiel de la production de pommes de terre était réquisitionné par l’armée allemande. Tous les produits à base de farines, comme le pain, et tous les corps gras, comme notamment le savon, étaient contingentés. Les gens se débouillaient malgré tout et il était opportun d’avoir des connaissances à la campagne. Maman avait des amies, anciennes condisciples de l’école ménagère Aubry, qui vivaient dans une ferme à quelques kilomètres de Vesoul et je me rappelle que nous allions à pied pour y acheter des œufs ou un morceau de lard. Anne-Marie et moi occupions alternativement la poussette.

 

En zone occupée, les déplacements étaient parfois soumis à autorisation préalable, il fallait alors se rendre préalablement à la Kommandantur pour se faire délivrer un ausweis (laisser-passer).

 

Pour circuler à bicyclette, il était nécessaire de détenir une « plaque de vélo », constituée par un carton timbré établi au nom du cycliste. Maman se rendait parfois à bicyclette à Noroy-le-Bourg, un chef lieu de canton à vocation agricole, son lieu de sa naissance, distant de 15 km de Vesoul. C’était la résidence de ses tantes Mathilde et Joséphine et elle y avait gardé des contacts avec d’ancienne condisciples de l’école ménagère Aubry de Vesoul, ce qui lui permettait de s’approvisionner au marché noir en pommes de terre et parfois en viande de porc directement auprès des producteurs locaux.

 

La pénurie d’essence avait entraîné l’usage de gazogènes sur les véhicules automobiles. Ces gazogènes se présentaient sous la forme e chaudières fixées sur la partie avant droite de la voiture. On y brûlait du charbon ou du bois. Le combustible porté au rouge dégageait du gaz carbonique qui, conduit au carburateur, servait de carburant de substitution.

 

En septembre la plupart des colonies françaises d’Afrique se rallient à la France-libre.

 

24 octobre : À Montoire-sur-le-Loir, commune du Loir-et-Cher, le chef de l’État français reçoit Adolf Hitler à qui il propose une « collaboration loyale ».

 

L’accord est scellé par une longue poignée de mains que la propagande allemande s’empresse d’exploiter largement. Cet accord léonin s’applique également dans le domaine économique, et la France consent à payer les « frais d’occupation ».

 

Après ce diktat, la monnaie française sera arbitrairement sous-évaluée par rapport au Reichmark, ce qui permettra à l’Allemagne de régler ses achats à moitié prix.

 

Je me rappelle une conversation de Maman, qui évoquait l’établissement d’un dossier d’indemnisation pour l’appartement de NANCY, ce dossier avait peut–être été motivé par sa confiscation par les militaires allemands.

 

30 octobre : Dans un discours radiodiffusé, le maréchal Pétain exhorte les Français à « entrer dans la voie de la collaboration ».

Plans du camp de Marienburg Willenberg au Stalag XXB.

Ces images sont issues du site starymalbork.pl

Les schéma d'implantation du camp de Willenberg sont le fruit du travail de Yves BRION, fils de Marcel BRION (matricule 52317) lui même prisonnier au stalag XXB.

 

gare de Malbork / Marienburg
gare de Malbork / Marienburg
la Nogat
la Nogat

Le 1er août, Hitler donne l’ordre à ses armées d’envahir l’Angleterre.

 

C’est ainsi que débutait « la Bataille d’Angleterre » avec des attaques aériennes massives de harcèlement. Le maréchal Hermann Goering, commandant en chef de la Luftwaffe avait reçu l’ordre de donner l’assaut final le 15 septembre. Il disposait d’environ 1000 bombardiers et 700 avions de chasse.

 

La Luftwaffe s’exécute mais après quelques heures elle se trouve forcée de constater que les Britanniques disposent d’une solide défense qui les conduit à renoncer. Pour la suite ils changeront de tactique en procédant à des bombardements de nuit.

 

7 août l’Allemagne désigne deux gauleiters pour administrer directement les

départements d’Alsace-Lorraine.

 

En Alsace les deux départements du Haut Rhin et du Bas Rhin sont renommés et deviennent respectivement Haute Alsace et Basse Alsace.

 

Dans l’ensemble de la zone occupée, on institue le rationnement des produits alimentaires et d’hygiène.


La carte ci-dessus vous permet de visualiser le trajet des prisonniers depuis leur lieu de capture à Loos dans la banlieue de Lille jusqu'au stalag XXB à Marienburg/Malbork en Pologne. En sélectionnant les points bleus vous pourrez consulter dans le cartouche d'information la date de passage du convoi.

Capturés le 28 mai 1940 le groupe de prisonniers est arrivé au stalag le 7 juin 1940.