1943

 

 

Pour des raisons d’ordre militaire, les Allemands dynamitent le Vieux Port de Marseille.

 

Ils procèdent également à une destruction systématique des habitations du quartier situé derrière la mairie, au motif que ces habitations anciennes surplombent des caves qui sont susceptibles d’être reliées entre elles.

 

30 janvier : Une nouvelle organisation politico-militaire est créée. La milice jouera un rôle de police auxiliaire et devra collaborer activement avec les Allemands dans la lutte contre la résistance..

 

2 février : À Stalingrad, l’armée du général von Paulus capitule devant les forces soviétiques.

 

4 avril : l’aviation britannique bombarde les usines Renault de Boulogne-Billancourt.

 

En avril, le gouvernement décide de ramener la ration hebdomadaire de viande à 120 grammes.

 

15 mai : Jean Moulin créée le Conseil national de la Résistance.

 

30 mai : De Gaulle se rend à Alger pour y rencontrer le général Giraud, qui se pose en rival. Après un accord, Giraud est nommé commandant en chef des armées.

 

3 juin : Le Comité français de libération nationale est créé à Alger.

 

3 juin : Jean Moulin est arrêté à Caluire.

 

Le service secret des Renseignements britanniques, le MI6, est dirigé par le général Stewart Menzies, connu sous l’appellation « C ». Il a pour homologue le général américain David Bruce, directeur des Services stratégiques (OSS) en Europe. Winston Churchill, Premier ministre britannique avait sous ses ordres directs la Section de contrôle de Londres. Ces organismes avaient pour mission d’élaborer des ruses de guerre pour égarer l’état-major allemand. Ces services sont à l’origine de nombreuses opérations clandestines destinées à couvrir les opérations militaires afin de protéger l’invasion de la côte normande prévue initialement pour le printemps 1944.

 

14 juillet : Une escadre aérienne composée d’aviateurs français, désignée sous le nom Normandie-Niemen opère avec des appareils soviétiques dans le ciel de l’URSS. Elle s’illustre particulièrement en ce jour de fête nationale en abattant des appareils allemands.

 

25 août : le Comité français de libération nationale reçoit une reconnaissance officielle des Alliés.

 

8 septembre : Dans les Alpes, l’armée allemande occupe la zone confiée jusque là aux Italiens.

 

9 septembre : en Corse, la Résistance mène diverses actions de soulèvement contre l’occupant dans le but sans doute de le forcer à se disperser.

 

13 septembre : Le 1er bataillon de choc de l’armée d’Afrique débarque en Corse et vient au secours des Résistants. À l’issue d’une opération éclair, toute la Corse sera libérée le 5 octobre. Le commandement militaire français est arrivé d’Alger par le sous-marin Casabianca. Les Allemands sont humiliés et la nouvelle est vite répandue en métropole où l’espoir d’une prochaine libération commence à gagner les esprits.

 

11 novembre : À OYONNAX, dans l’Ain, le maquis défile dans les rues après avoir sécurisé la ville.

 

 

En décembre, le maréchal Erwin ROMMEL, que les troupes allemandes d’Afrique avaient surnommé « Renard du Désert », est rappelé en France. Il a pour mission de s’assurer de la fiabilité du « Mur de l’Atlantique », nom attribué à un immense système fortifié, construit sans relâche depuis deux ans, composé de blockhaus, de batteries, de mines, de hérissons, de murs et de digues, partant de Norvège et aboutissant en Bretagne, destiné à empêcher tout débarquement allié.

Carte postale destinée aux correspondances des prisonniers de guerre.(Recto) Rédigée le 12 décembre 1943 et enregistrée en France avant distribution le 17 janvier 1944
Carte postale destinée aux correspondances des prisonniers de guerre.(Recto) Rédigée le 12 décembre 1943 et enregistrée en France avant distribution le 17 janvier 1944

 

 

La libération de la Corse avait donné le signal d’une vaste offensive aérienne menée par les Alliés. Dans les villes, les habitants étaient tenus de pratiquer une « défense passive » qui consistait à ne laisser filtrer aucune lumière lorsque la nuit était venue. Je revois encore mon oncle Ernest juché sur une chaise pour garnir les fenêtres avec des panneaux formés de lattes de bois encadrant un papier goudronné.

 

C’est sans doute aussi à cette période que, quand venait le soir, il se penchait sur le poste de radio MF pour mieux écouter les messages de Radio Londres. C’est une image que j’ai toujours en mémoire.

 

À Vesoul, il était fréquent de voir passer les miliciens marchant au pas et chantant, dans leur uniforme bleu-marine, la tête coiffée d’un béret. Mamée me recommandait toujours de m’en méfier tout autant que des Allemands.

 

Elle me rappelait souvent que son père avait dû quitter son Alsace natale pour ne pas vivre sous l’autorité germanique.

 

 

Carte postale destinée aux correspondances des prisonniers de guerre.(Verso) Rédigée le 12 décembre 1943 et enregistrée avant distribution le 17 janvier 1944 Texte ouvert afin de permettre l’examen par la censure.
Carte postale destinée aux correspondances des prisonniers de guerre.(Verso) Rédigée le 12 décembre 1943 et enregistrée avant distribution le 17 janvier 1944 Texte ouvert afin de permettre l’examen par la censure.

 

À la rentrée de 1943, le 1er octobre, je suis entré en 11ème (au CP) à l’école Saint Vincent. Il n’y avait pas de maternelle. J’avais pour institutrice Mademoiselle Voitot, que je trouvais vraiment très âgée. Lorsqu’elle nous apprenait à compter elle utilisait respectivement pour 70 et 90, les vocables « septante » et « nonante », comme en Suisse, ce qui me troublait un peu car je ne les avais jamais entendu prononcer par ma mère et ma grand-mère. Pour la lecture, elle avait une curieuse méthode qui consistait à nous placer en file, livre en main, dans l’allée qui bordait les pupitres. Ceux qui lisaient le mieux se trouvaient placés en tête et le fait de lire mieux que celui qui nous précédait nous faisait gagner une ou plusieurs places. Dans le cas inverse nous étions rétrogradés. Comme Mamée m’avait appris la lecture, je me trouvais toujours dans les premiers. Il me suffisait d’une simple hésitation pour que je sois sanctionné par un recul, ce qui provoquait parfois chez moi un sentiment d’incompréhension bien que je réussisse toujours à me rétablir rapidement à la première place.

 

 L’entrée à l’école m’avait permis d’acquérir ou de prendre délibérément une petite parcelle d’autonomie. J’allais parfois jouer dans un entrepôt situé dans une impasse avec les enfants de Mme Fenette qui gérait la succursale COOP. Il nous arrivait de nous en échapper pour nous rendre devant la caserne allemande située dans l’ancienne mairie, rue Paul Petitclerc. À l’entrée, près de la grille, il y avait une guérite qui abritait la sentinelle et il était fréquent que nous passions devant elle en imitant le pas de l’oie et en chantant « Ali - Alo - Tas de salauds ». Nous nous inspirions d’un chant allemand que la troupe entonnait souvent en marchand au pas. Un jour, la sentinelle énervée nous avait menacés de son fusil. Pour mon malheur Maman passait par là au même instant. J’ai dû prendre une belle engueulade. Il arrivait également, mais plus rarement, qu’un Allemand nous offre un bonbon. Nous le prenions sans remercier et le jetions aussitôt à l’égout.

 

 

Le bâtiment qui abritait les militaires s’élevait sur plusieurs étages et les enfants étaient très impressionnés de voir des Allemands en uniforme assis sur le rebord des fenêtres, jambes pendantes au dessus de la rue qui, je crois s’appelle rue Henri Gevrey.