1945

 

 

 

16 janvier : Pour sanctionner la collaboration économique menée avec le Reich par Louis Renault, les usines sont nationalisées et l’entreprise sera désormais désignée sous le nom de « Régie Renault ».

 

2 février : La ville de Colmar est libérée.

 

Mon cousin Jacques Masson s’était engagé pour la durée de la guerre. Il avait participé à la campagne de libération de l’Alsace. Lorsqu’il revenait en permission, il allait voir sa famille à Pont-du-Bois et passait par Vesoul où il ne manquait pas de nous rendre visite. Il avait un excellent coup de crayon et il me dessinait des auto-mitrailleuses. Je crois que c’est lui qui m’avait donné un jour des petits écussons aux armes de la ville de Colmar.

 

23 février : Les premiers cargos américains chargés de ravitaillement destiné à le population française arrivent au Havre.

À la lecture du livre L’Archipel du Goulag écrit par Alexandre Soljenitsyne on imagine que la plus grande confusion devait régner dans les régions libérées par l’Armée Rouge. En octobre 1939, Hitler et Staline s’étaient partagé la Pologne, puis, au cours de l’été 1940, l’URSS avait annexé les Pays Baltes et la Bessarabie.

 

Du côté russe, on avait arrêté les officiers. Ceux qui n’avaient pas été exécutés avaient été expédiés dans de lointaines contrées. On avait intégré les hommes de troupe dans l’Armée Rouge.

 

En mars 1940, à l’issue de la guerre russo-finlandaise, on commença à juger comme « traîtres à la patrie » les soldats qui avaient été prisonniers.

 

À la fin de l’été 1941, dans sa retraite devant l’armée allemande, l’armée russe avait dû abandonner des régiments entiers. Ceux qui avaient réussi à sortir de l’encerclement ennemi pour regagner l’URSS devaient passer devant une commission spéciale qui pouvait les déclarer « traîtres à la patrie ».

 

Les officiers, qui n’avaient pas voulu résister jusqu’à la dernière goutte de leur sang, et qui avaient battu en retraite sans en avoir reçu l’autorisation du commandement, ne pouvaient éviter le déshonneur. Conduits vers des compagnies disciplinaires, ils étaient renvoyés en première ligne.

 

De nombreux civils Allemands qui vivaient en URSS, suspectés de pouvoir se rendre coupables d’intelligence avec l’ennemi, étaient expédiés en exil.

 

De 1943 à 1946, les civils qui s’étaient trouvés dans des régions occupées par les Allemands ou qui avaient été emmenés en Allemagne et les prisonniers de guerre étaient suspectés de trahison et « d’intelligence avec l’ennemi ».

 

On comprend ainsi le manque de considération des libérateurs envers les prisonniers d’autres nationalités.

 

Les Allemands avaient agi de la même manière. Un charnier de corps d’officiers polonais avait été découvert dans la partie qu’ils avaient annexée. Ils avaient créé un régiment SS composé d’Ukrainiens hostiles à la Russie. Dès 1940, les jeunes citoyens des pays occupés recevaient un livret militaire et étaient incorporés d’office dans l’armée.

 

 

 

gare de Torun / Thorn
gare de Torun / Thorn
télégrammme envoyé par Henri à sa femme pour lui annoncer son arrivée. Il est annoté sur le côté droit par Angèle.
télégrammme envoyé par Henri à sa femme pour lui annoncer son arrivée. Il est annoté sur le côté droit par Angèle.

20 avril : En Gironde, l’armée allemande, qui avait réussi jusque là à se maintenir, consent à capituler.

 

4 mai : La 2ème Division blindée, commandée par le général Leclerc, investit le « Nid d’aigle » de Hitler à Berchtesgaden en même temps que les blindés américains.

 

8 mai : l’Allemagne capitule sans conditions. La veille, l’amiral Dönitz, désigné comme successeur de Hitler avait donné pleins pouvoirs au général Jodl pour signer un premier accord avec les représentants des États américain, britannique et français.

 

9 mai : Robert Schuman publie son premier plan pour la reconstruction de l’Europe.

 

23 juillet :Début du procès du maréchal Pétain.

 

6 août : Bombardement atomique américain sur Hiroshima.

 

9 août : Bombardement atomique américain sur Nagasaki.

 

15 août : Pétain, condamné à mort, est gracié par le général de Gaulle.

 

15 août : l’empereur du Japon annonce sa capitulation sans conditions.

gare de Legionovo / Legiontowo
gare de Legionovo / Legiontowo

 Depuis au moins deux mois les nouvelles des prisonniers étaient rares. Maman et Mamée étaient à l’évidence très inquiètes. Je me souviens qu’un jour un homme en civil avait frappé à la porte et avait affirmé à maman : « Je l’ai vu, nous nous sommes parlé, il est en vie, il reviendra bientôt ». Il s’agissait peut être de ce Vésulien, Culot, que Papa avait croisé le 12 juin précédent.

 

Je me souviens très bien du retour de Papa. Il faisait beau temps et nous étions sur le quai de la gare de Vesoul. Je ne connaissais de mon père qu’un visage souriant figé sur une photographie. Maman me criait « Il est là, je le vois, regarde à la portière ». Je portais mes yeux le long du train, mais je ne voyais rien … Lorsqu’un homme s’est approché de nous, j’ai compris que c’était lui.

 

 Lors du retour à la maison, j’ai rapidement remarqué dans son dos les lettres KG écrites à la peinture blanche (Kriegsgefangener ou Prisonnier de guerre). Je me suis senti comme humilié et j’avais mal pour lui.

 

Je me souviens que j’avais éprouvé un peu la même sensation lors du retour de Jean Robert, le frère de ma tante Marguerite.

 

Pendant plusieurs années, Papa portera au revers de sa veste un insigne en forme de fil de fer barbelé qui rappellera son statut d’ancien prisonnier de guerre.

 

Triste résultat de la seconde Guerre mondiale : 55 millions de morts.